Études françaises. Volume 51, numéro 3, 2015
Arnaud Bernadet, Bertrand Degott, Barbara Bohac, Sébastien Mullier, Armelle Hérisson, Philippe Wahl, François-Marie Mourad, Marie Pascal
Availability:
Ebook in EPUB format. Available for immediate download after we receive your order
Ebook in EPUB format. Available for immediate download after we receive your order
Publisher:
Les Presses de l’Université de Montréal - Études françaises
Les Presses de l’Université de Montréal - Études françaises
DRM:
Watermark
Watermark
Publication Year:
2019
2019
ISBN-13:
9782760641129
Description:
Faire « vibrer la corde bouffonne », tel est le programme que s’assigne Théodore de Banville au seuil des <i>Odes funambulesques</i> en 1857, liant durablement poésie et comique. Sous le double patronage de Heine et d’Aristophane, ce recueil à dominante satirique rejoint sur bien des points l’essai philosophique de Baudelaire, <i>De l’essence du rire</i> paru deux ans plus tôt. Au sein d’une œuvre apparemment unique en son genre, l’expression funambulesque représente en vérité une scansion majeure dans l’histoire de la poésie française. D’un côté, elle puise ses moyens dans la caricature, de l’autre, elle s’adosse à la fantaisie. Certes, la corde bouffonne n’est pas toujours drôle. Elle se révèle même souvent mélancolique et grinçante. Mais elle procède d’un dessein original puisqu’il s’agit pour Banville, par ailleurs théoricien longtemps admiré du <i>Petit traité de poésie française</i> (1872), d’inventer « une nouvelle langue comique versifiée », centrée notamment sur la rime. Ainsi s’amorce une tradition qui compte dans ses rangs aussi bien Rostand et Verlaine qu’Apollinaire ou Jarry. Du funambulesque au mirlitonesque s’opère de la sorte une mise en crise du « lyrisme », enfin délesté du <i>pathos</i> romantique et propre à ouvrir le poème à son indéfinition ou à sa redéfinition. Autant de voies possibles se dessinent alors qui alternent la virtuosité et le « mal écrire ». Important les procédés théâtraux jusqu’à la cocasserie et à la fumisterie, le comique use d’équivoques prosodiques comme de stratégies parodiques, visant en priorité la dégradation, voire la déformation du poétique.