Numéro 35, automne 2020
Denis Ribouillault, Laurent Paya, Sebastián Ferrero, Étienne Morasse-Choquette, Laurent Châtel, David Castañer, Hadrien Viraben, Erin Despard, Edo Volbeda, Jill Didur, Gabrielle Lauzon Chiasson, Étienne-Marie Lassi
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Publisher:
Revue intermédialités
Revue intermédialités
DRM:
Watermark
Watermark
Publication Year:
2021
2021
ISBN-13:
9782923144382
Description:
Si des perspectives intermédiales se sont développées ces vingt dernières années pour aborder la littérature, le théâtre, le cinéma, la danse ou même la tapisserie, le jardin n’a pas encore fait l’objet d’approches qui se revendiqueraient explicitement de ce courant interdisciplinaire. Pourtant, une large part de l’historiographie et de la théorie des jardins repose sur la relation entre les arts. Le jardin constitue, en ce sens, un formidable laboratoire pour penser et repenser l’intermédialité[1].
Au sein de la théorie de l’art occidentale, la dimension évidemment intermédiatique du jardin n’a cependant pas contribué à sa valorisation, et son statut esthétique a été fortement marginalisé. L’histoire des jardins s’est néanmoins inscrite dans le sillage de l’histoire et de la théorie de l’art en adoptant pendant longtemps une approche surtout cantonnée à la forme et au style, et en distinguant certaines phases de son développement en fonction de leur rapport à un médium particulier. Selon cette vision, l’architecture qui organise le jardin de la Renaissance cède le pas aux agencements de la statuaire et des fontaines dans les jardins maniéristes et baroques pour aboutir à la conception proprement picturale des jardins paysagers. Les mérites respectifs de l’un ou de l’autre modèle vont continuer d’animer les débats sur le jardin jusqu’au 19e siècle, voire au-delà. Ce paragone entre les arts, largement basé sur leur capacité d’imitation (mimèsis) que le jardin lui-même se verrait refuser, se vit du reste rapidement récupéré par les idéologies nationalistes et déboucha sur une classification par « écoles » — le jardin architectonique « italien », le jardin formel « à la française », le jardin paysager « à l’anglaise » — qui, bien qu’encore largement diffusée aujourd’hui, n’offre qu’une vision assez biaisée et fort partielle du développement de l’art des jardins en Europe.
Au sein de la théorie de l’art occidentale, la dimension évidemment intermédiatique du jardin n’a cependant pas contribué à sa valorisation, et son statut esthétique a été fortement marginalisé. L’histoire des jardins s’est néanmoins inscrite dans le sillage de l’histoire et de la théorie de l’art en adoptant pendant longtemps une approche surtout cantonnée à la forme et au style, et en distinguant certaines phases de son développement en fonction de leur rapport à un médium particulier. Selon cette vision, l’architecture qui organise le jardin de la Renaissance cède le pas aux agencements de la statuaire et des fontaines dans les jardins maniéristes et baroques pour aboutir à la conception proprement picturale des jardins paysagers. Les mérites respectifs de l’un ou de l’autre modèle vont continuer d’animer les débats sur le jardin jusqu’au 19e siècle, voire au-delà. Ce paragone entre les arts, largement basé sur leur capacité d’imitation (mimèsis) que le jardin lui-même se verrait refuser, se vit du reste rapidement récupéré par les idéologies nationalistes et déboucha sur une classification par « écoles » — le jardin architectonique « italien », le jardin formel « à la française », le jardin paysager « à l’anglaise » — qui, bien qu’encore largement diffusée aujourd’hui, n’offre qu’une vision assez biaisée et fort partielle du développement de l’art des jardins en Europe.