Ne préfère pas le sang à l'eau
Céline Lapertot
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Publisher:
Viviane Hamy
Viviane Hamy
DRM:
ACS4
ACS4
Publication Year:
2018
2018
ISBN-13:
9791097417055
Description:
<p><b> Ses romans sont un long cri de fureur proféré avec une tranquille, presque douce obstination, celle d'une Antigone revenue d'entre les morts ; jamais elle ne cédera. <i>Elle</i></b> <br>
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<i>Cette sensation de fin du monde, quand tu as dix ans et que tu comprends, du haut de ton mètre vingt, qu'il va falloir abandonner la sécheresse de ton ocre si tu ne veux pas crever. Je serais restée des millénaires, agenouillée contre ma terre, si je n'avais pas eu une telle soif.<br> <br> Maman a caressé la peau de mon cou, toute fripée et desséchée, elle m'a vue vieille avant d'avoir atteint l'âge d'être une femme. Elle a fixé les étoiles et, silencieusement, elle a pris la main de papa. On n'a pas besoin de discuter pendant des heures quand on sait qu'est venu le moment de tout quitter. J'étais celle à laquelle on tient tant qu'on est prêt à mourir sur les chemins de l'abîme.<br> <br> J'étais celle pour laquelle un agriculteur et une institutrice sont prêts à passer pour d'infâmes profiteurs, qui prennent tout et ne donnent rien, pourvu que la peau de mon cou soit hydratée. J'ai entendu quand maman a dit On boira toute l'humiliation, ce n'est pas grave. On vivra. Il a fallu que je meure à des milliers de kilomètres de chez moi. </i>
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<i>Cette sensation de fin du monde, quand tu as dix ans et que tu comprends, du haut de ton mètre vingt, qu'il va falloir abandonner la sécheresse de ton ocre si tu ne veux pas crever. Je serais restée des millénaires, agenouillée contre ma terre, si je n'avais pas eu une telle soif.<br> <br> Maman a caressé la peau de mon cou, toute fripée et desséchée, elle m'a vue vieille avant d'avoir atteint l'âge d'être une femme. Elle a fixé les étoiles et, silencieusement, elle a pris la main de papa. On n'a pas besoin de discuter pendant des heures quand on sait qu'est venu le moment de tout quitter. J'étais celle à laquelle on tient tant qu'on est prêt à mourir sur les chemins de l'abîme.<br> <br> J'étais celle pour laquelle un agriculteur et une institutrice sont prêts à passer pour d'infâmes profiteurs, qui prennent tout et ne donnent rien, pourvu que la peau de mon cou soit hydratée. J'ai entendu quand maman a dit On boira toute l'humiliation, ce n'est pas grave. On vivra. Il a fallu que je meure à des milliers de kilomètres de chez moi. </i>
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