Les sacrifiés de la Somme

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Publication Year:
2017

ISBN-13: 9782359733839

Doullens, 1920. La ville porte encore les stigmates de la Grande Guerre. Les survivants restent marqués par leur expérience des combats, des bombardements, et par la vision bouleversante des « gueules cassées ». Lorsque deux cadavres sont découverts dans la cave d’une maison abandonnée, l’antipathique commissaire Herménégilde Marchand multiplie les interrogatoires. Difficile pour lui d’établir l’identité des morts alors que la guerre a brouillé toutes les pistes. Au fil des témoignages, l’histoire des inconnus se reconstitue. Ainsi que celle du meurtrier. Un imposteur prêt aux mensonges les plus indignes pour obtenir argent et gloire.<br><br>EXTRAIT<br><br>La plupart de ces soldats que nous regardions défiler n’avaient que quelques semaines à vivre. De Bretagne, de l’Aude profonde ou du Cantal, ils étaient venus sur notre terre de Somme quand ce n’était pas d’Afrique, d’Australie ou d’Amérique. Ils n’étaient plus ivres d’un rêve héroïque et brutal et se seraient bien passés de jouer les héros morts au champ d’honneur. S’ils avaient eu le choix, ils seraient restés chez eux à cultiver la terre de leurs ancêtres pour nourrir femme et enfants.<br>« À Albert ! » m’avait-il répondu sans un sourire mais avec la détermination froide des petits chefs, ceux qui obéissent aveuglément aux ordres « parce qu’un ordre est un ordre, on ne discute pas ! » Il était trop sérieux ce lieutenant, et quand il toisa la dame aux flancs généreux, on pouvait lire dans son regard tout le mépris du monde.<br>À Albert, les régiments se formaient pour rejoindre la ligne du front. La guerre avait pour théâtre la commune de Thiepval. Nous étions dans les premiers jours de juillet de l’année 1916 : la bataille de la Somme venait de commencer.<br>Bien plus tard, quand les canons eurent refroidi, nous sûmes la vérité : jamais il n’y eut sur terre pareil endroit ! Tant de chairs martyrisées, putréfiées, sacrifiées à l’orgueil des nations : des morts qui se comptaient par centaines de milliers. Le Boche, chez nous, on ne peut pas lui pardonner : il est venu souiller notre terre. Le curé de notre paroisse, l’abbé Gaudissart, nous exhortait au pardon lorsque, au confessionnal, nous lui avouions à voix basse notre haine des Alemands. C’était un curieux bonhomme, l’abbé Gaudissart, un tantinet cabotin, un « bon vivant » comme on disait entre paroissiens, toujours disposé à faire ripaille et peu enclin à s’émouvoir du sort fait aux plus pauvres.<br><br>À PROPOS DE L’AUTEUR<br><br>Originaire de la Somme et aujourd’hui retraité, <b>Dominique Fouchard</b> a intégré l’École normale d’Amiens avant de devenir instituteur. Il s’est par la suite engagé dans la vie de la Fédération nationale des Francas dont il est délégué.<br>Passionné par l’Italie où il se rend fréquemment, ce Picard emporte toujours quelques livres dans ses bagages : Albert Camus, Philippe Roth, Michel Houellebecq ou encore Robert Merle comptent parmi ses auteurs préférés. C’est après avoir lu <i>Les âmes grises</i> de Philippe Claudel que Dominique Fouchard se lance dans l’écriture de son premier roman, <i>Les sacrifiés de la Somme</i>.