Limoges-Bénédictins : dérives autour d'une gare
Max-Alain Grandjean, Georges Chatain, Patrick Mialon
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Publisher:
FeniXX réédition numérique
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DRM:
Watermark
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Publication Year:
1990
1990
ISBN-13:
9782402454377
Description:
Une construction métaphysique
Quand la gare de Limoges commença à sortir de terre et à émerger du paysage limougeaud, dans les années 25, ce fut un peu le scandale. Non que l'architecture fût révolutionnaire ; elle était même déjà bien amortie ; elle sentait son avant-guerre de 14, à un moment où le Bauhaus, Frank Lloyd Wright, Le Corbusier et les Frères Perret avaient définitivement clos ce chapitre de l'histoire de l'architecture. Mais c'est qu'on lui trouvait l'air bougnoule ; les journaux du temps sont pleins de petits dessins féroces, où le chef de gare - transformé en muezzin - psalmodie les horaires des trains du haut du campanile. Depuis, les images de cartes postales ont multiplié ces ressemblances, sans trop dire si elles travaillent dans l'ingénuité ou dans le second degré ; à contre-jour, au soleil couchant, sous des nuées d'orage ou des ciels orangés, la Gare des Bénédictins fait dans l'évocation d'Antioche, de Samarkande ou d’al-Azhar. Rapprochements faciles et futiles, alors que l'édifice ne doit rien à l'exotisme. Bien au contraire, c'est une construction qui résume et concentre un archétype du Limousin. Comme les grandes cathédrales, elle est une construction métaphysique.
L'architecture des gares est à la mode, depuis la célèbre exposition Beaubourg. Et c'est très bien ainsi : elle révèle une richesse et une intelligence de son temps, qui avaient échappé jusqu'alors. Une gare, même saupoudrée de fioritures façon Haussmann et d'allégories commerçantes, patriotiques ou coloniales, c'est le triomphe de l'efficacité ; il y a des trains à prendre, des services à assurer, et pas de temps à perdre.
Sauf à Limoges. La Gare des Bénédictins y affirme bien haut d'autres prétentions et bien d'autres richesses.
Georges Chatain
Quand la gare de Limoges commença à sortir de terre et à émerger du paysage limougeaud, dans les années 25, ce fut un peu le scandale. Non que l'architecture fût révolutionnaire ; elle était même déjà bien amortie ; elle sentait son avant-guerre de 14, à un moment où le Bauhaus, Frank Lloyd Wright, Le Corbusier et les Frères Perret avaient définitivement clos ce chapitre de l'histoire de l'architecture. Mais c'est qu'on lui trouvait l'air bougnoule ; les journaux du temps sont pleins de petits dessins féroces, où le chef de gare - transformé en muezzin - psalmodie les horaires des trains du haut du campanile. Depuis, les images de cartes postales ont multiplié ces ressemblances, sans trop dire si elles travaillent dans l'ingénuité ou dans le second degré ; à contre-jour, au soleil couchant, sous des nuées d'orage ou des ciels orangés, la Gare des Bénédictins fait dans l'évocation d'Antioche, de Samarkande ou d’al-Azhar. Rapprochements faciles et futiles, alors que l'édifice ne doit rien à l'exotisme. Bien au contraire, c'est une construction qui résume et concentre un archétype du Limousin. Comme les grandes cathédrales, elle est une construction métaphysique.
L'architecture des gares est à la mode, depuis la célèbre exposition Beaubourg. Et c'est très bien ainsi : elle révèle une richesse et une intelligence de son temps, qui avaient échappé jusqu'alors. Une gare, même saupoudrée de fioritures façon Haussmann et d'allégories commerçantes, patriotiques ou coloniales, c'est le triomphe de l'efficacité ; il y a des trains à prendre, des services à assurer, et pas de temps à perdre.
Sauf à Limoges. La Gare des Bénédictins y affirme bien haut d'autres prétentions et bien d'autres richesses.
Georges Chatain
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