Médiances du prince horoscopal
Luc-Olivier d'Algange
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Éditeur:
FeniXX réédition numérique
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Protection:
Filigrane
Filigrane
Année de parution:
1977
1977
ISBN-13:
9782307643890
Description:
Opak City, février des dunes. Très cher d’Algange, inventorier les différentes phases des rêves s’est, depuis longtemps, avéré impossible : sans fin, les médiances déroulent le même tissu de pièges mortels, de herses nucléaires, de districts irradiés. Ce n’est que la nuit dernière, que les dépouilles mentales ont été frappées pour la première fois du sceau glacé des prémonitions. Maintes fois, mes campagnes mortes avaient saisi leur issue au secret du complot ou de l’assassinat. Aujourd’hui, par contre, la prospection nocturne, au lieu de s’éteindre, ne cesse d’amplifier le vacarme de ses ramifications. Les augures s’avèrent plus effrayants, à mesure que leur « instantané cartographique » grave sur le versant diurne de mes veines. Cette nuit, le cataclysme a proclamé son imminence par le rêve de l’« homme qui se fixe ». Toute une nuit à injecter le sérum-de-vérité, à planter des aiguilles pourries dans les veines. Toute une nuit à poursuivre l’exploration de régions, où le bruissement des feuillages confine aux trépanations de la Terre. L’aiguille cassée dans le bras en appelait d’autres, et la froidure du métal vrillé invitait sa période à se réduire, jusqu’à ce que les graphies de la seringue, vidée de sérum, soient pure verticalité, triomphe d’une nouvelle race de sangs. Jusqu’à ce que le suc ne déverse plus ses tombées d’embolie, mais inflige le sang au cœur des ossatures. Cette nuit, j’ai compris le sens profond des Médiances du Prince Horoscopal. Le décisif ne se détermine ni dans la furie des sangs viciés, ni dans leur obscénité d’assaillants reptiliens du poulpe cardiaque, mais leur tracé de morsure et de fracture. Au-delà d’une tentative de siège des ramifications veinuliennes, au-delà de la velleïté de s’enfoncer dans la nuit du corps, l’essentiel me paraît être d’atteindre à la concomitance d’une écriture des roches et de leur décryptage. L’érosion de l’architecture (du corps et du monde) nous désigne le lieu de harassement de toutes les charges, le lieu de destruction pure, où sera enfin cerné le principe fondamental, où les sabres de la langue présideront à la redistribution des mondes en inaugurant l’âge primordial. Cette nuit, j’ai compris qu’il fallait excéder tous les ressassements de la chair, précipiter le creusement d’un puits artésien dans l’essence structurelle de la mœlle épinière, alimenter l’œuvre de ses trépans par le seul souffle poitrinaire, pour intensifier la vitesse de ses massacres et décrypter les écritures de roche dans une Langue animée par la cruauté originelle. « Je solidifierai mon sang, j’en ferai de l’os », Marduk dixit. Oui, il faut mettre un terme aux traites de la Terre, rendre à la Mère des Titans sa puissance de gésine dévoreuse, quitte à lui enflammer le ventre ! L’écriture des roches nous révèlera à nous-mêmes, comme des microcosmes du feu central et non des hommes. Guerres, infinissantes guerres nous serons, car nos têtes hallucinées refusent l’incurabilité de la pénombre : elles aspirent à l’épuration d’armes solaires surgies du profond des nuits de Tiamat, la grande pute marine. Guerre des langues de foudre.
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