Le Jeu de patience (Tome 1)
Louis Guilloux
Disponibilité:
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Éditeur:
Editions Gallimard
Editions Gallimard
Protection:
ACS4
ACS4
Année de parution:
2018
2018
ISBN-13:
9782072369100
Description:
"Et alors, le type ?
— Il a foutu le camp, me répondit Hubert, en riant d'un petit rire pointu. Il ajouta : Que voulais-tu qu'il fasse ?" J'étais assis devant ma table chargée de mon habituel fatras de papiers
— mais ce jour-là, en plus du fatras : un échiquier et un journal ouvert... C'était il y a quatre ans, le matin du 25 février 1943, soit trente et un ans jour pour jour après certains événements dont j'aurais voulu quelque part faire le récit. Mais -
Hubert était venu me voir de très bonne heure : le cher Hubert, le poète et l'amoureux, l'ami des songes, le prophète Hubert, toujours aussi jeune et beau, aussi grand adolescent que jamais, bien qu'il ait hélas ! dépassé la trentaine. Il ne dit plus rien. Debout, une main posée sur ma table, il me regardait en souriant. "Tu dis que... l'autre avait une carriole ? lui demandai-je.
— Pas une carriole : une vieille auto, qui faisait un boucan terrible à travers la lande. Il se modernise !"
Et, de nouveau, le petit rire pointu. "Évidemment. Drôle d'histoire ! Pas très neuve... Tu dis que dans la carriole, enfin l'auto, il y avait un chien ?
— Un grand chien noir.
— Attaché ?
— Oui. Mais arrivé dans la cour il a détaché le chien, qui a sauté par la fenêtre.
— Et qu'est-ce qu'il faisait pendant que le chien...
— Rien. Il restait dans la cour, debout, avec son grand manteau, son grand chapeau de velours à larges bords. Même pas l'air de s'occuper."
— Il a foutu le camp, me répondit Hubert, en riant d'un petit rire pointu. Il ajouta : Que voulais-tu qu'il fasse ?" J'étais assis devant ma table chargée de mon habituel fatras de papiers
— mais ce jour-là, en plus du fatras : un échiquier et un journal ouvert... C'était il y a quatre ans, le matin du 25 février 1943, soit trente et un ans jour pour jour après certains événements dont j'aurais voulu quelque part faire le récit. Mais -
Hubert était venu me voir de très bonne heure : le cher Hubert, le poète et l'amoureux, l'ami des songes, le prophète Hubert, toujours aussi jeune et beau, aussi grand adolescent que jamais, bien qu'il ait hélas ! dépassé la trentaine. Il ne dit plus rien. Debout, une main posée sur ma table, il me regardait en souriant. "Tu dis que... l'autre avait une carriole ? lui demandai-je.
— Pas une carriole : une vieille auto, qui faisait un boucan terrible à travers la lande. Il se modernise !"
Et, de nouveau, le petit rire pointu. "Évidemment. Drôle d'histoire ! Pas très neuve... Tu dis que dans la carriole, enfin l'auto, il y avait un chien ?
— Un grand chien noir.
— Attaché ?
— Oui. Mais arrivé dans la cour il a détaché le chien, qui a sauté par la fenêtre.
— Et qu'est-ce qu'il faisait pendant que le chien...
— Rien. Il restait dans la cour, debout, avec son grand manteau, son grand chapeau de velours à larges bords. Même pas l'air de s'occuper."
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