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Revue Littoral No 5
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Revue Littoral No 5
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Availability:
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Publisher:
Éditions du Septentrion
DRM:
Watermark
Publication Year:
2018
ISBN-13: 9782897910495
Description:
Le comité directeur du GROUPE DE RECHERCHE SUR L'ÉCRITURE NORD-CÔTIÈRE (le GRÉNOC) du Cégep de Sept-Îles est particulièrement fier d'offrir cet automne 2010 aux lecteurs, aux étudiants et aux chercheurs de la Côte-Nord et d'ailleurs son 5e numéro. Un numéro qui s'inscrit à la fois dans la continuité et dans la nouveauté. Dans la continuité, par ce qu'on y retrouve les chroniques habituelles qui témoignent encore une fois de la richesse et de la diversité des écritures qui racontent notre immense région. Des chroniques qui témoignent donc de «cet intarissable besoin de récit [...] et de mise en fiction» d'un espace référent qui a ses exigences, certes, mais aussi ses générosités; générosités dont la marque distinctive par excellence serait peut-être bien la «profusion». Cette dernière notion est particulièrement bien illustrée par les nombreuses collaborations qui donnent à ce 5e numéro une dimension bien singulière.

Un «spécial Gilles Vigneault»

L'idée d'un «spécial Vigneault» amenée par notre collègue Marie-Ève Vaillancourt allait cheminer lentement - le défi n'était pas mince -, mais sûrement. Ce serait notre manière à nous, du GRÉNOC, de célébrer. De célébrer nos cinq années de travail, certainement; mais de les célébrer « en grand », en rendant hommage au plus grand des écrivains nord-côtiers, au plus prolifique, au plus célèbre, à celui qui plus que tout autre a fait connaître la Côte au Québec et à l'étranger. En la parlant, en l'écrivant, en la chantant. Et circonstance heureuse, ce serait l'occasion de souligner les 50 années de chanson du plus connu des chansonniers québécois! Et ce qu'on ne savait pas encore, qu'on découvre depuis ces derniers mois, c'est que notre aventure à nous, du GRÉNOC, avec notre «spécial», allait s'inscrire dans une suite d'évènements particulièrement fastes, que nous avons tous suivis, et qui font de 2010 au Québec - vous en conviendrez, j'en suis persuadé - une sorte «d'année Vigneault»!

Le «spécial Vigneault» que nous présentons ici traverse la revue; il est partout, dans son abondance et dans sa diversité. Environ 20 collaborations; près de 20 collaborateurs par conséquent, d'un peu partout - de la Côte-Nord, du Québec, de l'Acadie, de la Louisiane, de la Belgique, de la France. Des collaborateurs généreux qui ont répondu «présent», et qui ont écrit, chacun à leur manière, en fonction de leur intérêt respectif et de leur compétence, des textes de nature et d'envergure différentes: des études savantes, ou moins spécialisées, des hommages toujours surprenants, et quelques inédits, dont deux écrits par deux Innues.

Faut-il le souligner, le «spécial Vigneault » que nous offrons illustre par ailleurs d'une manière toute particulière les travaux du GRÉNOC et sa revue Littoral, une revue de la Côte-Nord, écrite par des gens d'ici et d'ailleurs, par des gens de compétence diverses, mais tous intéressés par la Côte-Nord et son écriture. Parmi les contributions nord-côtières, je me dois de signaler plus particulièrement celle du Natashquanais bien connu, Bernard Landry, dont tout le monde sait qu'il est un admirateur passionné de son compatriote, Gilles Vigneault. Signalons aussi la présence parmi nos collaborateurs de spécialistes de longue date de Vigneault, de chroniqueurs, d'universitaires (littéraires, musicologues), et même d'artistes - dont Jessica Vigneault... et son père! Tous leurs textes attestent de l'intérêt que ne cesse de susciter Gilles Vigneault et son oeuvre, sur la Côte, au Québec et à l'étranger; aussi bien chez les autodidactes que chez les chercheurs.

Mais étudier l'oeuvre de Vigneault, c'est fatalement finir par rencontrer la Côte quelque part. Dans ce «spécial», on comprendra par conséquent que Vigneault et son oeuvre, et la Côte, ne font qu'un. Et qu'à cette occasion, le GRÉNOC et sa revue Littoral continuent à cheminer. Les objectifs énoncés en 2006, à l'origine de notre entreprise, restent les mêmes, aussi pertinents, et de plus en plus légitimes.

LE GRÉNOC et LITTORAL

cinq ans plus tard Pertinence

Il serait à propos de rappeler ici l'idée de base des travaux du GRÉNOC à sa fondation: réapprivoiser le corpus écrit nord-côtier et relire les textes nord-côtiers pour tenter de cerner la «représentation» qu'ils donnent du référent qui les alimente. Cette démarche devant nous permettre de cerner peu à peu l'imaginaire de notre région. Une région qui, dans son uniformité, est porteuse de diversités; diversités qui sont autant de l'ordre de son espace (maritimité, territorialité, nordicité) que de l'ordre de ses cultures (autochtone, francophone, anglophone). Ces paramètres déterminèrent les choix éditoriaux de Littoral - et conséquemment, son organisation. Parmi ces choix, la décision de prendre en compte l'écriture autochtone - sur la Côte, l'écriture innue - est probablement l'une des plus heureuses.

Depuis cinq ans, les collaborateurs de Littoral ont lu, commenté, réfléchi. Ils ont proposé des hypothèses, tracer des pistes de réflexion, commencé à élaborer des conclusions. Ce faisant, ils ont confirmé de façon péremptoire l'existence du corpus écrit nord-côtier, un corpus dont l'ampleur - que l'on découvre toujours - ne cesse de nous étonner. Ils ont confirmé aussi, par leurs analyses, les richesses de fond et de forme de ce corpus, qui loin de nous enfermer, nous rattachent sans cesse à d'autres espaces et à d'autres problématiques, plus vastes encore que la Côte et le Québec. À titre d'exemple, la lecture «ménipéenne» que fait Haijo Westra du roman Elle de Douglas Glover, qui l'amène à conclure que la Côte-Nord - à travers l'histoire réinventée encore une fois de l'héroïne Marguerite de Roberval - «devient le lieu crucial où l'identité contemporaine se laisse examiner».

Par ailleurs, le corpus nord-côtier, et c'est là une dimension dont on ne peut que bien légitimement s'enorgueillir, dimension qui fait sa richesse, sa solidité et son originalité, s'inscrit dans une durée qui est celle de la présence française en Amérique du Nord, celle de l'histoire du Canada et du Québec. Dans la plupart des grands textes fondateurs de la littérature québécoise, nous sommes présents - ce qui nous autorise par conséquent à faire de ces textes des relectures «en perspective nord-côtière»; par exemple, des Relations des Jésuites. Ce qui ne nous empêche nullement, en même temps, de lire des oeuvres plus récentes - comme Tequila bang bang, lu par Jérôme Guénette -, ou celles récemment éditées de Joséphine Bacon et de Suzanne Lamarre.

C'est alors que l'on peut mieux mesurer le bien-fondé de notre définition de l'écriture nord-côtière, et sa portée: toute écriture, d'ici ou d'ailleurs, qui prend la Côte (de Tadoussac à Blanc-Sablon) comme prétexte et comme propos... Ce qui nous ramène donc sans cesse à la Côte, à la Côte comme référent. La Côte-Nord, espace-référent que nous n'en finissons pas de voir se préciser et s'élargir. Comment dissocier en effet le littoral nord-côtier de l'espace maritime du fleuve élargi et de l'estuaire? Et même du littoral sud? Comment le dissocier par ailleurs des territoires plus au nord, du Nitassinan que les Innus de jadis parcouraient bien avant que l'Homme blanc arrive ici, qui ont appris à celui-ci à le parcourir et à le découvrir? Comment le dissocier enfin de son Nord plus éloigné et de son pouvoir d'attraction; ce Nord qui n'a cessé de fasciner et d'attirer - pour des raisons diverses, chacun ayant les siennes?

Et c'est du littoral qu'on part (pour monter vers le Nord ou prendre la mer ou traverser le fleuve), et c'est au littoral que l'on revient (du Nord ou de la mer ou de la Côte-Sud). Littoral, c'est-à-dire rencontres, séparations, retrouvailles, harmonies ou conflits... Décidément, oui, la Côte-Nord comme référent, pour ceux qui l'écrivent notamment, est plus souvent qu'autrement synonyme de «générosité» et de «profusion».

Et légitimité

Mais peut-on fonder davantage encore la légitimité du GRÉNOC et de sa revue Littoral? Cette question de la légitimité traverse d'une certaine façon, à l'occasion de questions diverses, les réflexions des trois précédents éditoriaux rédigés par mes deux collègues du Comité directeur, Marie-Ève Vaillancourt et Jérôme Guénette. On pourrait peut-être résumer le tout ainsi : spécificité / universalité? Ou bien de façon plus prosaïque: écrits mineurs / écrits majeurs? La tentation est grande, dans un premier temps, d'opposer ces concepts; mais très vite, la fréquentation des textes et le travail sur ceux-ci nous amènent à élargir les débats et à tisser des liens de divers ordres, qui conduisent inévitablement à des questions, plus larges et plus fondamentales, de fond et de forme, de sens et de style. La spécificité que l'on cherchait nous conduit, comme presque à notre insu, ailleurs. C'est peut-être justement parce qu'une forte spécificité porte toujours en elle une part d'universalité. N'est-ce pas ce que dit précisément et joliment Gilles Vigneault quand il confie: «Avec le pas de Natashquan, je crois me rapprocher du pas international. Je voudrais pouvoir les confondre afin de n'en entendre plus qu'un seul, celui qui scande l'amitié de tous les hommes, retrouver et affirmer le sens moral de l'humain.»

Quant aux écrits dits mineurs, leur analyse se révèle parfois surprenante. Par conséquent, ce qui fonde la légitimité de notre démarche, ce sont, certes, nos intuitions, mais surtout, nos réalisations des cinq dernières années. Mais on peut toujours, avec enthousiasme, «entrer en écriture nord-côtière» pour tenter d'en montrer la spécificité. Y aurait-il là quelque chose de répréhensible? N'est-ce pas au contraire une posture stimulante susceptible de faire cheminer? Ne serait-ce pas, finalement, la meilleure «porte d'entrée»?

Notre choix éditorial d'étudier l'écriture nord-côtière est assurément légitime. Mais en affirmant l'existence d'une écriture régionale - avec ses spécificités et son universalité, et ses écrits plus ou moins consistants -, nous voulons en réalité prendre notre place légitime dans le corpus national. Nous voulons, en étudiant nos textes qui sont aussi ceux de tous les Québécois, participer aux débats plus spécifiques qui mobilisent ceux qui s'intéressent aux questions d'écriture et de littérature. Nous voulons, par nos travaux, donner à la Côte-Nord et au Québec une opportunité de mieux se connaître encore. Nous voulons par la même occasion apporter notre contribution, même modeste, aux grands débats de société qui animent la vie de notre région et de la société québécoise.

Mais que pense-t-on de tout cela, ailleurs, dans les régions éloignées des grands centres?

Notre DÉFI: DURER!

Pour le GRÉNOC et Littoral, le défi sera toujours le même : durer! Et durer encore! Mais pour continuer à mener ses travaux, la petite équipe du GRÉNOC a besoin d'être accompagnée dans sa démarche. Par son milieu d'abord. Par les particuliers, par les entreprises, par les institutions... Il convient ici de rappeler le rôle de soutien de premier plan du Cégep de Sept-Îles auquel est rattaché le GRÉNOC.

Mais pour publier Littoral, il faut aussi des gens qui lisent, qui écrivent, qui sont intéressés à publier. Depuis cinq ans, l'équipe des collaborateurs et des collaboratrices, d'ici et d'ailleurs, n'a cessé de s'élargir. C'est surtout grâce à elles et grâce à eux que la revue paraît, et il faut les remercier vivement. Il faut aussi par la même occasion lancer un appel pressant à tous les autres qui s'intéressent à notre région et qui pourraient enrichir de leurs écritures les prochains numéros de Littoral. Aux chercheurs donc, mais aussi aux créateurs, aux écrivains: car la Côte-Nord pour se développer complètement aura toujours besoin - également - de «récits» et de «mises en fiction».

Par conséquent, durer pour exister et pour consolider. Et peut-être durer pour «se développer»? Les perspectives de travail ne manquent pas. Un chantier de rééditions d'oeuvres nord-côtières, aujourd'hui difficilement accessibles, s'inscrirait comme tout naturellement dans les objectifs du GRÉNOC. Et il faudrait bien qu'un jour ses travaux de recherche puissent alimenter une démarche d'enseignement. Pourquoi donc le concept d'Études régionales n'accompagne-t-il pas toujours celui de Développement régional?

L'aventure du GRÉNOC a quelque chose du voyage. Comme les explorateurs des débuts, nous cherchons, nous aussi, dans les espaces du «Nort» qui est le nôtre, un «passage». Comme Cartier, nous voulons aller «aux Terres Neuffves découvrir certaines ysles et pays». Pour, comme le dit Gilles Vigneault dans sa chanson consacrée à l'explorateur, «La Découverte», «apprend[re] le sens de l'eau» «en remontant la rivière». Car nous dit ailleurs le poète: «Notre histoire commence par le mot voyagement».

Mais voyager, c'est aussi s'arrêter. Et chaque parution de Littoral est justement un arrêt. Et une étape. Nous faisons comme Cartier passant dans les environs des îles de la Madeleine: «... et pour ce voullions abvoir plus emple congnaissance desdits parroiges mismes les voiles bas et en travers...»
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